• Rivalité et jalousie dans le Tanakh (Abel et Caïn)


    Reprise d'un article de François G. sur son Blog "Béréen": http://yhwh-jesus-leshommes.eklablog.com/21-rivalite-et-jalousie-dans-le-tanakh-a45837799
    Puis, autres articles.

    Avertissement: J'ai laissé le terme "Dieu" par condescendance pour les pagano-chrétiens mais il va de soi que "Deus-Zeus" n'a rien à voir avec "ELOHIM".
    (idem pour "Jésus"->YESHOUA)

    Rivalité et jalousie dans le Tanakh

    Le Tanakh attire souvent l'attention sur la signification des rivalités. Il n'est pas possible d'étudier ce sujet de façon systématique, mais quelques textes « types » seront mentionnés pour montrer que nous n'avons pas à faire ici avec un problème marginal.

    Nous avions déjà vu la rivalité dans le récit du meurtre d'Abel par Caïn. L'offrande de Caïn est rejetée et son effet sur lui est le suivant:

    « ... Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. » Genèse 4:5

    Caïn devient jaloux contre on frère, l'attire dans les champs et le tue. La violence est donc née de l'expérience du rejet et de la jalousie.

    Il est mentionné diverses rivalités:

    . Entre les bergers d'Abraham et ceux de Lot (Gen 13: 5-13)

    . Entre Saraï et sa servante enceinte (Gen 16: 1-16)

    . Entre les différentes femmes de Jacob (Gen 29: 1-30)

    . Entre Esaü et Jacob de plusieurs manières:

    Le désir du droit d'ainesse de la part de Jacob (Gen 25: 29-34)

    La convoitise de la bénédiction paternelle (Gen 27: 1-40)

    Pour cette raison il est menacé et doit fuir (Gen 27: 41-46)

    . Entre les fils de Joseph

    « Ses frères virent que son père l'aimait plus que tous ses autres fils et ils le prirent en haine, devenus incapables de lui parler amicalement. »Genèse 37: 4

    . Entre Myriam, Aaron et Moïse (Nb 12: 2)

    . Entre Koré et Moïse, Aaron (Nb 16:3)

    . Entre Saül et David

    « Les femmes qui dansaient chantaient ceci : « Saül a tué ses milliers, et David ses myriades. ». Saül fut très irrité et cette affaire lui déplut. Il dit : « On a donné les myriades à David et à moi les milliers, il ne lui manque plus que la royauté! ». Et, à partir de ce jour, Saül regarda David d'un œil jaloux. »
    1 Samuel 18: 7-9

    . Entre Absalom et son père, David (2 Sa 15:1 à 2 Sa 19)

    . Entre Israël et Juda

    « Alors cessera la jalousie d'Éphraïm, et les ennemis de Juda seront retranchés. Éphraïm ne jalousera plus Juda et Juda ne sera plus hostile à Éphraïm. » Esaïe 11: 13

    Ces comportements de jalousie et rivalité conduisent chaque fois à la violence ouverte.

    « Par l'emportement de Yahvé Sabaot la terre a été brûlée et le peuple est comme la proie du feu. Nul n'a pitié de son frère, on a coupé à droite et on a eu faim, on a mangé à gauche et on n'a pas été rassasié. Chacun dévore la chair de son bras, Manassé dévore Éphraïm, et Éphraïm Manassé, ensemble ils s'attaquent à Juda. » Esaïe 9:19

     

    La foi en YHVH creuse d'une façon spécialement forte le sens le plus profond de la jalousie dans le récit de la chute. Le serpent arrive à séduire Eve parce qu'il réussit à lui faire croire que YHVH est jaloux des hommes. Il chuchote que la transgression de l'interdit ne mènerait nullement à la mort. Dieu aurait interdit de manger le les fruits de l'arbre pour la seule raison qu'il ne voulait pas que les hommes deviennent comme Lui:

    « Le serpent répliqua à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal. » Genèse 3: 4

    La pensée que YHVH est le rival des hommes et qu'il le prive de quelque chose fut capable de séduire Eve. Ce n'est, bien sûr, pas Dieu qui est envieux, mais celui dont cette pensée est issue. Un texte deutérocanonique (Sagesse: on y trouve d'excellents commentaires du Tanakh) l'exprime ainsi:

    « C'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde ils en font l'expérience, ceux qui lui appartiennent ! » Sagesse 2:4

     

    Il est évident, de par le contenu des événements bibliques et des textes cités que la racine du péché visible et de la violence se trouve dans l'envie et la jalousie.

     
    Suite: Abel et Caïn:

    Une victime: Abel

     


    Genèse 3: 1-15

    "1. L'homme connut Ève, sa femme; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit : J'ai acquis un homme de par Yahvé.  2. Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn. Or Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. 3. Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Yahvé, et qu'Abel, de son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau, et même de leur graisse. Or Yahvé agréa Abel et son offrande. 5.Mais il n'agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. 6.Yahvé dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n'es pas bien disposé, le péché n'est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite, pourras-tu la dominer ?

                                  Abel et Caïn

    8. Cependant Caïn dit à son frère Abel : Allons dehors, et, comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. 9. Yahvé dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? 10. Yahvé reprit : Qu'as-tu fait ! Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit : tu seras un errant parcourant la terre. 13.  Alors Caïn dit à Yahvé : Ma peine est trop lourde à porter. Vois ! Tu me bannis aujourd'hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre : mais, le premier venu me tuera ! 15.  Yahvé lui répondit : Aussi bien, si quelqu'un tue Caïn, on le vengera sept fois et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point."

    Encore une fois, beaucoup d'aspects de ce récit seront laissés de côté. Par exemple:

    • Abel a-t-il la foi ? OUI, sans aucun doute.
    • Caïn est-il un modèle de l'être "religieux" ? cent fois OUI. (Jac 3:15)
    • La nature des offrande de chacun est-elle significative ? A coup sûr OUI et plus qu'on ne le pense, particulièrement le choix d'Abel, un animal de son troupeau.
    • Caïn, dont Ève dit qu'elle l'a conçu avec l'aide l'Éternel, éludant le rôle d'Adam. Cela a-t-il un sens ? peut-être bien, mais je n'aime pas trop "tirer" le sens des textes.
    • L'Eternel prend-il soin de Caïn: OUI, et plus que d'Abel en fait.
    • Etc...

    Nous voici devant le deuxième événement mettant en scène les rapports de l'homme avec lui-même et avec l'Eternel. Si Dieu a voulu que nous ayons ces deux textes fondateurs, il y a certainement des raisons de la plus haute importance. Il veut mettre le doigt sur des éléments qui donnent à celui qui veut les recevoir une compréhension de base, un abécédaire, de tout ce qui passera ensuite.

    Ici deux frères.

    Tous deux vont désirer un même objet: l'Éternel et plus précisément son agrément, sa faveur.

    Le même triangle que celui de la chute se reproduit.

    Caïn ne supporte pas que son frère Abel ait "obtenu" l'objet et pas lui.

    On observe donc les "pointes" du triangle suivante:

    • Un objet: l'agrément, la faveur de l'Eternel
    • Un tiers: Abel
    • Un sujet: Caïn 

    Encore une fois, ce triangle n'a pas de valeur morale. Il n'est ni blanc ni noir. Il rend compte d'un fonctionnement humain qui se répète sans cesse dans les récits de la Bible, ses enseignements et qui culmine à la crucifixion. Qui se répète aussi dans toute l'histoire de l'humanité.

    En effet, si dans la chute le serpent était le tiers, ici, Abel le juste, est ce tiers, bien qu'il n'y soit pour rien. Il est l'obstacle pour Caïn, tout comme Jésus sera scandale, obstacle pour les juifs religieux.

    Caïn, donc, désire ce qu'Abel a obtenu. Abel n'est responsable de rien là-dedans. Il n'est pas le tentateur, au contraire, il est presque effacé dans ce récit.

    La colère qui se manifestait déjà juste après le chute dans l'accusation atteint, malgré les exhortations de l'Éternel à l'égard de Caïn, un point de débordement par un passage à l'acte: le meurtre d'Abel. Le premier meurtre.

    Il désire être COMME Abel et il tue comme conséquence de ce désir.

    Comparaison avec les mythes de l'antiquité:

    1- Tous les mythes d'une façon explicite ou voilée décrivent un meurtre fondateur. 

    La Bible pointe sur une interprétation diamétralement opposée à celle de ces mythes.

    Dans tous les mythes fondateurs des sociétés antiques, le meurtrier ou celui qui expulse l'autre est le héros et la victime acquiert au moins pour un temps un statut démoniaque. Si la victime est divinisée, elle inspire la terreur et son culte est l'objet de rites divers.

    Dans la Bible, l'innocent est l'innocent, même s'il est considéré par ailleurs comme coupable.

    Et le coupable est le coupable, même s'il est déclaré innocent par les autres.

    Qu'on ne me fasse pas dire que des coupables ne peuvent pas être victimes... mais c'est un contresens de parler de victime dans ce cas. Le coupable reçoit alors une rétribution en regard de l'acte qui l'a rendu coupable.

    Restons-en à ce qui fonde l'humanité et que la Bible corrige absolument en regard des mythes que nous aborderons, ceci dans le récit des deux frères.

    Il s'agit donc d'une opposition radicale entre ces deux visions, celle de l'Éternel et celle des hommes.

    ___________________

    Note:

    Aujourd'hui, la victime est parfois (oui, seulement parfois) reconnue comme telle.. Il en a fallu du temps et des larmes et le labourage pas encore terminé de la Parole en Israël d'abord, puis jusqu'aux extrémités de la terre.

    2- Ce meurtre fondateur est toujours l'occasion pour le héros (ie le meurtrier, coupable selon les Écritures) d'instituer des interdits, des règles ou des lois d'une part, et d'autre part de créer des rites dont un ou plusieurs commémorent le meurtre fondateur.

    Bien sur la Bible en parle.... mais nous verrons plus tard.

    _____________________

    En conclusion...

    Et ce n'est pas la moindre des chose: la Bible explicite l'inverse des mythes en ce qui concerne le sens de ce qui s'y déroule, le fondement de la culture humaine.

    Le fondement de la culture humaine consiste en violence et en meurtre.

    -----

    Sacrifice agréé par Dieu et sacrifice païen

    Le sacrifice d'Abel fut agréé par l'Éternel bien qu'Il ne le lui avait pas été demandé. Ceci à cause de l'attitude de cœur d'Abel. Le sacrifice de victimes animales innocentes, dans le monde juif, durera jusqu'à la venue de Jésus ou du moins jusqu'à la date de la destruction du Temple en l'an 70. 

    15 - Sacrifice agréé par Dieu et sacrifice païen

    Quelle est la nature de ce geste ?

    Que s'est-il passé chez Abel dans son esprit et son âme ?

    Deux frères.

    Il est écrit que "Caïn adressa la parole à son frère Abel" juste avant de le tuer.

    Abel n'était certainement pas muet. Donc il s'étaient parlés avant le jour du meurtre. Certainement que ce conflit entre frères durait d'auparavant. Un conflit pour la proéminence devant Dieu en tout cas, pour la proéminence entre eux probablement. C'est l'appréciation de l'Eternel favorable à Abel qui fit "déborder le vase" pour Caïn.

    En étant attentif aux silences de la Bible (ce qu'elle ne dit pas) on s'aperçoit qu'aucune réponse n'est donnée de la part d'Abel: pas de justification, pas de plaidoyer contre la violence de son frère qui devait certainement émerger d'une façon ou d'une autre.

    Il ne se défend pas devant le(s) coup(s) qui mettront fin à ses jours.

     

    Venons-en au parallélisme suivant:

    • Abel tue un animal pour le sacrifier.
    • Caïn tue son frère.

    Le sacrifice d'Abel est un sacrifice de SUBSTITUTION. Il ne tue pas son frère, il n'entre même pas en conflit. Il tue un animal à la place.

    Joint à son attitude de cœur et la foi, l'animal en vient symboliquement et pratiquement à avoir pour Abel un rôle de PURIFICATION.

    Mieux vaut un animal tué qu'un homme tué.

    Mieux vaut un coup de couteau dans la gorge d'un animal, que tuer un homme. *

    La substitution et la purification sont toutes les deux pour l'homme et non pour Dieu,

    Par anticipation et par la foi, Abel met en pratique le commandement: "tu ne tueras pas", en faisant le choix de ne pas tuer.

    Dieu ordonnera lui-même ce genre de sacrifice en Israël.

     

    Le monde païen.

    Il n'y a pas d'exception: le sacrifice a un tout autre sens. Il a pour but d'apaiser la colère des dieux. Que le sacrifice soit humain ou animal, ou encore mimé dans des rituels, il n'est inspiré que par la terreur du dieu (démon) local.

    La liste de ces sacrifices serait trop longue.

    Les mayas sacrifiaient des milliers d'hommes chaque année,

    Les peuplades cananéennes et sémites qui sacrifiaient des enfants,

    L'existence universelle de sacrifices animaux,

    L'existence de rituels où la mort de la victime est simulée (Exemple: les rituels d'entrée dans l'âge adulte existant encore en Afrique et Amazonie). Elle est parfois tuée tant les mimes prenent un caractère réaliste.

    Le sacrifice fait par Abel n'a rien à voir avec cela, du point de vue d'Abel, bien entendu.

    Mais pour Caïn, il dut avoir un autre sens.

    Caïn et sa descendance ont certainement commencé à pratiquer des sacrifices païens, comme toutes les peuplades de la planète.

    Puisqu'un meurtre a permis la naissance d'une civilisation, répétons le geste (rituel de sacrifice animal ou humain) qui l'a mise au monde, ceci exécuté avec toute la frayeur qui habitait l'ancêtre: Caïn.

    Je me permet de dire cela car c'est ce qui s'est passé effectivement dans l'antiquité païenne. PARTOUT !

     

    Mais quel est l'intérêt d'approfondir ces aspects relatifs au sacrifice et aux rituels ?

    Il est grand parce qu'il est d'actualité.

    La société actuelle est restée essentiellement païenne avec des touches de christianisme humanisé (humanisme). Sans arrêt, elle produit de nouvelles victimes innocentes. A part la guerre, elle tue plus encore, malignieusement, au travers de symboles, d'écrits et surtout d'images dont nous sommes abreuvés.

    L'anorexique, dont j'ai déjà parlé, est une de ces victimes. En proposant des représentations perverses, la culture assassine l'âme, et quelquefois le corps, de nombreuses jeunes femmes.

    Les dieux représentés par des statues, se sont déplacés dans le corps et l'âme d'hommes et de femmes. L'homme (au sens générique) est un dieu pour lui-même et est pris dans le tourbillon des mauvais modèles, appâté par le désir mimétique d'Être "comme", y trouvant une occasion de chute, un scandale.

    Et la chrétienté dans son ensemble n'échappe pas à la règle, les assemblées évangéliques pas plus, sauf là où on trouve des "Abel" qui renoncent à la réciprocité violente et au meurtre réel ou symbolique, mais non moins réel dans ses effets, ceci en regard de la vie éternelle et du royaume de Dieu.

     

    Note * :

    "Mieux vaut un coup de couteau dans la gorge d'un animal, que tuer un homme. *

    Mon affirmation peut paraître osée. Si je laisse cette phrase, c'est qu'on s'apercevra que le sacrifice a toujours eu une fonction de "défoulement", en tout cas chez les païens. En-est-il autrement chez les homme de foi de la Bible, ceux nommés en Hébreux 11 ?  Pas sûr, on verra. 

    Trop idéaliser cette foi ne serait-il pas une fausse piste ? Admettre une foi mollassonne, étrangère aux émotions humaines, quel malheur ! Cela aboutit au dolorisme si présent en pays latin et catholique, mais pas exclusivement; dolorisme qui évacue la réalité des émotions et sentiments humains. Ce serait aussi brider une capacité bien utile: la colère, pourvu  qu'aucune ombre de haine ne vienne la tâcher et qu'on ne se couche pas dessus. Une colère délivrée de toute violence meurtrière contre autrui: c'est paradoxal mais réaliste.

    Une violence "pour la Vérité" avec un grand "V": c'est déjà plus délicat. 

     

    En passant:

    Ceux ou celles qui ont déjà tué un animal (chasse, boucherie), savent que, même avec un instrument très bien aiguisé, il est nécessaire d'user de beaucoup de force, d'y mettre de l'énergie, surtout si on ne veut pas faire souffrir l'animal inutilement.

    Concluez-en qu'Abel, n'ayant certainement pas la même qualité d'instrument que de nos jours, a du déployer tout ce qu'il avait comme force, quand bien même sa victime n'était qu'un premier-né de petit bétail. 

    -François Grenier:http://yhwh-jesus-leshommes.eklablog.com/15-sacrifice-agree-par-dieu-et-sacrifice-paien-a38185042



    JYH
    26/11/2012
    (Copie autorisée et même souhaitable, à condition d'en redonner le texte intégral et les sources)

     

     

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